John Rees - Impérialisme et résistance (Introduction)

Impérialisme et résistance

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John Rees

Introduction

Sommaire

J’étais à Berlin en novembre 1989. Pendant les trois jours qui ont précédé la chute du Mur, je passais d’un côté à l’autre, par Checkpoint Charlie, pour participer aux manifestations à Berlin-Est et interviewer ceux qui les organisaient. Chaque soir, je retournais à l’Ouest en cachant les cassettes des entretiens dans mon sac, ou bien je les confiais à d’autres pour qu’ils les fassent passer plus tard. Lorsque je suis allé à Berlin-Est le jour d’avant la Chute du Mur, l’officier de la Stasi qui était de service à la barrière a trouvé des journaux révolutionnaires en fouillant mon sac. Il a appelé son supérieur, qui s'est mis à lire les reportages sur les manifestations en Allemagne de l’Est avec une grande concentration. Ce dernier a appelé à son tour son supérieur hiérarchique, qui a fait de même, puis m'a fait signe de passer. Je pense que c’est à ce moment-là que j’ai su que le vieil ordre était sur le point de quitter la scène.

J’ai donc le sentiment que, d’une certaine façon, j’étais présent lorsque la Guerre Froide s’est terminée et que le nouvel impérialisme a fait ses débuts dans le monde. Les gens avec lesquels je parlais à l’Eglise Gethsémani, un des centres organisateurs du mouvement, ou clandestinement dans leurs appartements, voulaient la démocratie. Mais ils ne voulaient pas être simplement intégrés à l’Ouest. Ils voulaient la sécurité de l’emploi et la protection sociale, qu’ils avaient, et les droits démocratiques, qu’ils n’avaient pas. Mais ça ne c’est pas passé comme ça. A Berlin, j’ai vu se dérouler un schéma qui s’est souvent répété depuis – l’espoir en la démocratie bientôt assombri par la ‘thérapie de choc’ néolibérale.

Près de dix ans plus tard, dans un pays très différent, j’ai pu voir à l’œuvre un processus politique étonnamment similaire. En 1998, je couvrais le mouvement qui avait renversé la dictature de Suharto en Indonésie. Alors que je parlais en défilant avec les étudiants qui étaient le cœur de cette révolution, le même paradoxe se présenta. Nous nous rencontrions en secret et nous manifestions sous les canons des fusils de l’armée indonésienne, notoirement brutale. Le désir de démocratie était très vif, et facile à comprendre. Mais, comme les Allemands de l’Est à la fin de la décennie précédente, ils espéraient aussi que la démocratie ne signifierait pas seulement que les vieilles élites continueraient à présider à la même pauvreté et à la même inégalité.

Aujourd’hui, je me trouve à nouveau dans un pays confronté au défi auquel les Allemands de l’Est et les Indonésiens ont fait face en 1989 et en 1998. Des parties de ce livre ont été écrites au Caire. Il y a un vieil adage qui dit que le monde n'est pas le même selon qu’on le regarde du château ou de la chaumière. Il est clair que le monde est très différent, vu du Caire, de ce qu’il est vu de Londres. Et le regard sur le Caire ne révèle pas un gouvernement égyptien loyalement allié à l’Occident dans une noble ‘guerre contre le terrorisme’, mais un autoritarisme brutal qui fusille, emprisonne et torture ses opposants. En 2002, je protestais, devant l’ambassade du Qatar au Caire, contre le déploiement des troupes US préalable à l’invasion de l’Irak. Nous étions au maximum 1.000. Nous regardions les canons d’une paire d’autos blindées, entourés par des policiers en armes qui étaient, de loin, bien plus nombreux que les manifestants. Pourtant, au mois de mars suivant, le jour de l’invasion de l’Irak, les manifestants remplirent pendant deux jours la Place Tahrir, au Caire, pour la plus grande manifestation que l’Egypte ait connue depuis une génération. A nouveau, les gens s’organisent contre la tyrannie. Et une fois de plus, ils veulent davantage que le droit de vote. Le résultat de leur lutte est toujours en équilibre instable.

Au cours de ces expériences, j’ai vu se dérouler la double spirale de l’âge moderne. L’économie néolibérale et la stratégie militaire néoconservatrice sont entrelacées. La Chute du Mur de Berlin a simultanément ouvert l’Est aux marchés occidentaux et permis à la puissance militaire des Etats-Unis et de leurs alliés de se poser en gardien de sa sécurité. Mais partout, y compris au cœur des pays occidentaux, il y a eu un renouveau de la résistance à ce virus. De gigantesques mouvements, sur tous les continents, se sont levés pour s’opposer à la privatisation, à la dérégulation et à la globalisation. Leur échelle a été magnifiée lorsqu’ils se sont également opposés au nouveau projet impérial initié par les néoconservateurs américains.

A elle seule, l’expérience directe, aussi nécessaire soit-elle, ne suffit pas. Elle est toujours individuelle et doit par conséquent toujours être testée en la comparant à l’expérience générale. Et cela ne peut être le résultat de l’analyse sociale et de l’investigation historique. Dans ce livre, j’ai essayé de prendre en compte l’aiguillon de l’expérience et d’en tirer une vision globale du nouvel impérialisme.


Les trois titans du monde moderne


Il y a dans le monde moderne trois grandes forces. Il y a la puissance des Etats-nations, celle de l’économie internationale, et puis celle des gens qui travaillent et dont tous les Etats, armées et grandes compagnies, en dernière analyse, sont dépendants. La plupart des évènements les plus importants du monde moderne se produisent au point d’intersection où ces trois forces entrent en collision.

Ces trois forces sont apparues au même moment historique, lorsque les méthodes féodales de gouvernement et de production ont laissé la place à l’Etat-nation centralisé moderne, à l’économie de marché et au travail ‘libre’ sur lequel cette dernière repose. En Grande Bretagne et en Hollande, ce moment historique remonte au 17ème siècle. En France, en Italie, en Allemagne et aux Etats-Unis, en partie comme conséquence de la concurrence et de l’exemple, la fin du 18ème siècle et le 19ème ont été la période critique de la guerre et de la révolution.

Cette transformation globale a créé (1) un système international d’Etats-nations en compétition, dont chacun possède le monopole de la violence à l’intérieur de ses frontières géographiques, (2) un marché mondial dans lequel à la fois les firmes privées et les Etats-nations luttent pour la domination commerciale, et (3) dans chaque pays, bien qu’à des degrés différents, une main d’œuvre qui dépend pour son emploi salarié des nouveaux seigneurs du marché intérieur et international.

Les premières concrétisations malhabiles de ce système dans les marges de l’Europe du 17ème siècle ont été depuis longtemps dépassées. Et, à chaque génération, ces trois titans ont grandi en force. Les Etats-nations du monde moderne font, à tous égards, ressembler leurs prédécesseurs à des nains. Ces Etats étaient au début des minorités, avec de petites armées professionnelles. Aujourd’hui, tout Etat constitue un appareil centralisé, bureaucratique, avec une capacité militaire énorme. Les individus employés par l’Etat sont innombrables comparés à leurs semblables de la période des débuts.

A un degré important, la croissance de l’Etat est le résultat de la croissance du système économique. Les premiers Etats étaient à la fois des produits de ce système et les instruments de son développement. Le monde des Compagnies des Indes Orientales hollandaise et britannique, de la conquête de l’Inde et du ‘Nouveau Monde’ était un prototype archaïque du marché mondial. Cela dit, son commerce était insignifiant face à une seule journée de transactions sur les marchés internationaux du monde contemporain. La Compagnie des Indes Orientales, avec toute sa longue histoire, n’est guère plus qu’un étal de marché comparée à une seule année de commerce d’une multinationale moderne.

Moins remarquée, mais non moins réelle, est la croissance du troisième titan. Les quantités de travail aspirées par les filatures et les ateliers de Londres, Manchester et les cités industrielles du Nord à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème furent les premières de leur genre dans un monde qui était encore dominé par le labeur agricole accompli par des paysans. Aujourd’hui, dans toutes les parties du monde, des milliards d’êtres humains ont hérité de leur sort.

L’interaction de ces titans, de même que leur croissance, est ce qui nous occupe ici. Non seulement ils sont liés comme trois aspects d’un même processus, trois facettes d’un même objet, mais ils existent dans une relation fondamentalement instable. Et c’est cette instabilité, répétée sous d’autres formes à chaque génération mais jamais éliminée, qui détermine comment le monde déroule son histoire. C’est dans cette lutte ternaire que fermentent les guerres et les révolutions.

Nos titans luttent pour la même raison que les scorpions piquent – c’est leur nature. Examinons ces natures et les conflits qui les opposent.

L’Etat est, par nature, géographiquement limité. Il dispose, comme nous l’affirme la plus ancienne définition sociologique, du monopole de la violence physique dans une zone géographique déterminée. Il est, en bref, une entité nationale.

La concurrence entre les grandes sociétés est par nature géographiquement illimitée. La quête des marchés, des matières premières et de la main d’œuvre est par essence internationale. Certaines firmes sont nées et restent basées dans des nations particulières. Mais elles fonctionnent souvent internationalement et, même lorsque ce n’est pas le cas, elles sont assujetties à la fixation des prix des marchandises sur le plan international. Plus le système est ancien, et plus c’est le cas. La mondialisation-globalisation est simplement la dernière étape de ce processus.

Depuis l’aurore de ce système, l’Etat limité au plan national et le marché sans frontières se sont croisés dans toute une série de rapports instables. Chaque Etat-nation, avec son monopole de la force armée, a essayé de s’enrichir, lui-même et les sociétés industrielles et commerciales qui lui sont étroitement associées, au détriment d’autres Etats et de leurs compagnies associées. Les firmes ont, de leur côté, cherché à engager la puissance militaire de l’Etat dans la conquête d’avantages commerciaux, jouant souvent un Etat contre d’autres. Les Etats cherchent à utiliser leur seul actif, la force armée, pour faire évoluer les rapports de puissance économique à leur avantage. Les multinationales tentent d’user de leur pouvoir économique pour modeler l’Etat à leur convenance.

Aucun ne peut se dégager de cette étreinte glacée. L’Etat a besoin de la puissance économique, et les sociétés ont besoin de la force militaire. Pourtant la nature internationale de la concurrence sur le marché porte l’Etat hors de ses frontières, le mettant en conflit avec d’autres Etats qui sont, eux aussi, contraints de déborder de leurs marques. Rester derrière ses frontières équivaut à accepter la défaite dans la compétition. Les franchir intensifie la concurrence économique et, dans la durée, rend inévitable un conflit militaire entre Etats. La montée des premiers empires coloniaux, les conflits entre eux, l’escalade de ces affrontements impériaux jusqu’à la guerre mondiale, à deux reprises dans le siècle passé, ne sont que les résultats les plus destructifs de ce processus.

Les gens qui travaillent, notre troisième titan, sont dans une relation contradictoire aux sociétés et à l’Etat. Nécessaires pour les deux, ils ne sont chez eux nulle part. Pour les firmes, les travailleurs sont considérés comme un coût de production qui doit être le plus bas possible, afin de maximiser le profit. La période, historiquement brève, du capitalisme protecteur des 30 années consécutives à la Deuxième Guerre mondiale a depuis longtemps cédé la place à une période qui ressemble davantage aux années 1920 et 1930 dans la célébration des forces débridées du marché par les dirigeants économiques du système. L’Etat lui-même est, de façon crue et évidente, au service des priorités des milieux d’affaires, tant à l’intérieur qu’à l’étranger. Les salariés dépendent d’un emploi et doivent s’accommoder du système, mais ils partagent rarement ses valeurs. Et souvent, les convulsions du système économique et la rivalité entre Etats amènent les travailleurs à relever un défi qui les fait basculer d’une passivité politique relative à une intervention active dans la société.

Ce dernier point mérite d’être élaboré dans la mesure où il bénéficie rarement de l’attention minutieuse apportée d’ordinaire aux faits et gestes des Etats et des grandes firmes. L’histoire du siècle passé ne serait pas compréhensible si nous ne prenions pas en compte les effets de ces moments dans lesquels les gens ordinaires ont transformé l’histoire par le levier de l’action collective. Parmi les plus importantes révolutions qui ont transformé l’Etat, nous pouvons citer celles du Mexique et de la Russie avant la Première Guerre mondiale, et celles de la Russie, de l’Allemagne et de la Hongrie pendant et immédiatement après cette Première Guerre. En Chine dans les années 1920, et en Espagne dans les années 1930, le cours entier de l’histoire de ces nations a été altéré par la révolution. Après la Deuxième Guerre mondiale, les mouvements de libération nationale ont profondément modifié le système étatique global en mettant fin à l’ère du pouvoir colonial direct. Le véritable commencement de la fin de la Guerre froide bipolaire a été inauguré par la naissance de Solidarnósc en Pologne au début des années 1980, et son trépas final a été la conclusion des révolutions d’Europe de l’Est de 1989. Plus récemment encore, les régimes dictatoriaux d’Afrique du Sud, d’Indonésie et de Serbie sont tombés sous la poussée de mouvements populaires.

L’impérialisme moderne est défini par le conflit entre ces trois titans. Ils sont liés ensemble comme les trois facettes d’une totalité contradictoire unique. Sans la dynamique compétitive entre les unités économiques individuelles du système, elles ne se trouveraient pas constamment dressées contre d’autres dans une bataille pour la survie. Sans les Etats et leurs arsenaux, cette concurrence économique ne comporterait pas également une compétition militaire. Sans expansion économique compétitive, la classe ouvrière ne croîtrait pas. Elle ne trouverait pas non plus ses moyens de subsistance sous la pression économique et politique qui est l’aiguillon initial de la résistance.

Le développement de l’impérialisme moderne est l’histoire de la façon dont cette lutte ternaire a été remodelée au fur et à mesure de l’expansion du système. Bien sûr, il y avait des empires avant l’arrivée du capitalisme et de l’Etat-nation moderne. La Rome antique et l’Empire Ottoman en sont deux exemples évidents. Mais les empires pré-modernes n’avaient pas la même dynamique économique concurrentielle, ils reposaient sur une base productive beaucoup plus limitée et ne concentraient pas la force politique et militaire dans des machines étatiques aussi puissantes. Les révolutions sociales transformatrices de la société n’étaient pas davantage l’alter ego omniprésent du système.

Dans sa forme infantile première, l’impérialisme est apparu en Angleterre et en Hollande, au 17ème siècle, comme le partenaire de naissance du capitalisme moderne. En grandissant, le nouveau système entra en conflit avec des empires plus anciens, comme l’empire espagnol. Selon un processus combiné de concurrence et d’émulation, les vieilles sociétés d’Europe avaient le choix entre ressembler aux nouvelles puissances ou entrer en déclin. C’est alors, au cours de leur transformation, que le premier système colonial de compétition impérialiste se forma. Le système colonial des puissances européennes du 19ème siècle entra dans une crise globale lorsque la première guerre totale industrialisée éclata en 1914. La redéfinition des rapports de force entre les grandes puissances dura de la Première Guerre mondiale à la fin de la Deuxième. Le règlement de ce conflit fut institutionnalisé dans un nouveau schéma de rivalité entre grandes puissances, la Guerre Froide. Les déplacements dans la puissance économique pendant la période de la Guerre Froide finirent par saper la structure étatique internationale. Les révolutions de 1989 furent les accoucheuses de la nouvelle ère. Nous vivons maintenant dans un âge où l’accumulation économique, les Etats-nations, et les populations laborieuses dont ils dépendent, sont à nouveaux aux prises pour donner à notre monde sa forme future.

Voilà nos trois titans : l’Etat, l’économie mondiale et la force de travail internationale qu’elle a créée. La lutte entre eux est l’histoire de notre époque.

Ce livre est une tentative d’expliquer comment ces trois titans entrent en conflit et comment l’issue de leurs batailles modèle notre monde. Dans le premier chapitre, ‘Les armes et l’Amérique’, je trace le profil impérial des Etats-Unis de la Guerre Froide à l’invasion de l’Irak. L’argument est que la capacité militaire des Américains par rapport à ses rivaux est plus grande aujourd’hui qu’à aucun moment de son histoire. Ce chapitre examine la montée des néoconservateurs et la grande stratégie qu’ils ont articulée pour la classe dominante US dans le monde d’après-Guerre Froide. Le chapitre deux, au contraire, se penche sur le déclin relatif du poids économique des Etats-Unis dans l’économie mondiale et évalue les forces et les faiblesses de ses concurrents. C’est dans ce couple – la puissance militaire relative américaine et son déclin économique – que réside l’essentiel de l’instabilité de l’ordre international contemporain.

Pétrole et empire’, le chapitre trois, analyse les raisons pour lesquelles le Moyen-Orient est devenu une arène aussi cruciale pour le déroulement de cette nouvelle rivalité impériale. Il examine l’importance du pétrole pour l’économie du monde en général et des Etats-Unis en particulier. C’est dans ce chapitre que nous rencontrons pour la première fois la réponse du troisième titan, la résistance populaire à l’ordre économique et impérial dominant. Il y est fait état de la longue histoire de résistance à l’impérialisme qui est celle du Moyen-Orient, de l’apparition du nationalisme arabe à la résurgence de l’Islam.

Le chapitre quatre ‘Mondialisation et inégalité’, examine la relation entre les Etats-nations et les sociétés multinationales, entre le nouvel impérialisme et la politique économique néolibérale. L’inégalité entre les nations riches et pauvres, et entre les riches et les pauvres à l’intérieur des nations, est l’une des premières conséquences de la mondialisation-globalisation. C’est le cadre à la fois du développements d’Etats ‘en situation d'échec’ et de l’écart croissant entre l’élite politique et la masse des travailleurs dans les économies avancées. Ce chapitre cherche donc à mettre en évidence la cause commune des attaques économiques et politiques sur les pays pauvres au plan international et sur les pauvres gens au plan intérieur. Il montre que le nouvel Etat impérial est une menace pour la démocratie, à l’intérieur et à l’extérieur, parce qu’il agit dans le sens du renforcement des inégalités créées et entretenues par le marché mondial dérégulé.

L’une des justifications centrales des guerres modernes est qu’elles sont livrées pour la cause de la démocratie. Le chapitre cinq porte sur l’apparition de la démocratie en Grande Bretagne, en Amérique et en France dans les révolutions des 17ème et 18ème siècles. Mais il examine ces expériences historiques de telle sorte que nous puissions faire la comparaison entre ce qui était possible alors et ce qui pourrait l’être dans les conditions beaucoup plus avancées des révolutions démocratiques modernes. L’analyse porte sur la façon dont les forces de classe et les directions politiques des révolutions interagissent. Et elle compare les révolutions des temps modernes en Europe de l’Est, en Afrique du Sud et en Indonésie avec celles qui les ont précédées en Europe et en Russie. Elle examine aussi comment les puissances impériales cherchent à intervenir dans ces processus populaire pour favoriser les solutions qu’elles préfèrent. Ces révolutions se révèlent comme les moments centraux où les titans économique et impérial se trouvent face à face avec la résistance populaire dans sa forme la plus dynamique.

Les chapitres six et sept, ‘Guerre et idéologie’ et ‘La résistance à l’impérialisme’, font l’inventaire des idées relatives à la résistance à l’impérialisme et au néolibéralisme et des stratégies qui pourraient être les plus efficaces dans ce domaine. Ils se penchent sur l’histoire des mouvements altermondialiste et antiguerre à l’échelle mondiale pour envisager une orientation qui puisse nous sortir à la fois de l’insécurité économique continuelle et de la menace de guerre.

J’espère que l’analyse contenue dans ce livre pourra contribuer à notre compréhension du nouvel âge impérial. Mais chaque ensemble d’idées contient une invitation à l’action. C’est particulièrement vrai d’une analyse qui décrit un système social instable et contradictoire, dans la mesure où ces contradictions ne peuvent être résolues que par l’action politique. Le véritable but d’Impérialisme et résistance, en fait, c’est de contribuer à ce que ces contradictions soient résolues par et pour la masse du peuple, et non dans l’intérêt des maîtres de la guerre.

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