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Le capitalisme est un système social fondé sur la possession de classe des moyens de production et de distribution, dans lequel les richesses sont produites par des salariés non-propriétaires pour être vendues en vue de réaliser un profit. Le capitalisme est donc une société de classes, où une minorité privilégiée vit du travail d'une majorité exploitée. Le capitalisme existe aussi bien en Russie et en Chine qu'en France et aux Etats-Unis.

Le capitalisme repose sur une contradiction fondamentale entre la production socialisée et la possession de classe. Car, alors que le travail de production des richesses est effectué par l'effort conjugué de millions de travailleurs, les moyens de production et les produits appartiennent seulement à une fraction de la société, les capitalistes. C'est cette contradiction qui est la cause des problèmes sociaux modernes, puisqu'elle signifie que la production ne peut avoir pour but la satisfaction des besoins humains.

Dans le capitalisme, les besoins humains sont satisfaits uniquement dans la mesure où on a l'argent pour les satisfaire. Cela ne pose pas de problèmes aux riches mais, comme chacun sait, cela en pose aux hommes et aux femmes qui doivent travailler pour un salaire ou un traitement, et qui constituent la classe travailleuse ou salariée. Puisque ce terme réapparaîtra fréquemment dans la suite de cette brochure, commençons par le définir avec précision. La classe travailleuse est composée des hommes et des femmes qui, exclus de la possession des moyens de production et de distribution, sont contraints par la nécessité économique à vendre leur énergie mentale et physique pour gagner leur vie.

D'après cette définition, un membre de la classe travailleuse ne se distingue ni par sa façon de s'habiller, de parler, ni par le quartier où il habite, ni par son métier, mais par la façon dont il gagne sa vie. Toute personne obligée de travailler pour un salaire est membre de la classe travailleuse. Dans les pays industrialisés comme la France, les travailleurs salariés constituent l'immense majorité de la population.

Puisque dans le système capitaliste le niveau de vie du salarié dépend de son salaire, il est évidemment essentiel de comprendre ce qui détermine le taux des salaires. Les salaires représentent en fait un prix, le prix de l'énergie physique et mentale qu'un salarié vend à son employeur. II ne s'agit pas d'une récompense pour l'accomplissement d'un travail, ni d'une participation aux bénéfices, ni même du prix du travail effectué. Recevoir un salaire représente une opération d'achat et de vente dont le principe ne diffère pas de la vente d'une paire de chaussures ou d'une voiture. Le prix de la capacité de travail d'un être humain - ou, selon Marx, qui fut le premier à voir cela clairement, sa «force de travail » - est fixé de la même manière que le prix d'une paire de chaussures ou d'une voiture, c'est-à-dire par la quantité de travail à fournir pour la produire, par sa valeur. II est donc évident que le salaire d'un travailleur ne peut jamais arriver à dépasser de beaucoup la somme dont il a besoin pour se maintenir en état de travailler. Un ingénieur diplômé gagne plus qu'un ouvrier non qualifié parce que la formation et l'entretien d'un ingénieur coûtent davantage.

Le système du salariat est une forme de rationnement. II restreint la consommation du salarié à ce dont il a besoin pour rester apte au travail. Cela signifie qu'on le prive de ce qui se fait de mieux dans le domaine de la nourriture, de l'habillement, du logement, des distractions, des voyages, etc. Cela est aggravé par le fait que, grâce à la technologie moderne, chacun pourrait profiter pleinement de ce qui se fait de mieux. Cela est encore aggravé par le fait que ce sont les salariés qui produisent toutes les richesses, les articles de haute qualité pour les riches, aussi bien que les articles de première utilité qu'ils consomment eux-mêmes.

II n'est pas difficile de comprendre que, dans le système capitaliste, les salariés sont exploités. L'exploitation ne signifie pas que les salariés sont enchaînés à leur poste de travail ou à leur bureau, et terrorisés par les menaces de leurs chefs. Cela signifie simplement qu'ils perçoivent des salaires inférieurs à la valeur de ce qu'ils produisent. Pour le prouver, inutile de se livrer à une analyse économique compliquée. II suffit de dire que puisque la production de richesses ne peut se faire que si des êtres humains mettent en œuvre leurs énergies mentales et physiques pour transformer la matière qui se trouve dans la nature, toute société dans laquelle quelques individus vivent bien sans devoir travailler est manifestement fondée sur l'exploitation de ceux qui font le travail. II devient évident que c'est le cas dans le système capitaliste, quand on comprend la nature particulière de la force de travail. La force de travail peut produire une valeur supérieure à la sienne, de sorte que celui qui l'achète et la met en œuvre en récolte le bénéfice; c'est précisément ce que fait l'employeur capitaliste. II achète la force de travail contre le paiement d'un salaire, met au travail dans son usine ou bureau les hommes et les femmes qui la vendent, avec ses machines et ses matières premières, et réalise un excédent quand il a vendu le produit fini. La source de cet excédent, divisé en profit, rente et intérêt, est le travail non-payé des salariés.

Parce que le capitalisme est fondé sur la possession de classe des moyens de production et de distribution, et l'exploitation concomitante des travailleurs, ce qui les prive du fruit de leur travail, il y a un irréductible conflit d'intérêts entre la classe travailleuse et la classe capitaliste. C'est la lutte des classes, qui se poursuit sans cesse, en fin de compte pour la possession des richesses de la société. Elle se caractérise en particulier par les grèves et les lockouts, les syndicats et les associations d'employeurs. Ce sont les principales armes et organisations des deux adversaires sur le terrain industriel.

Sur le terrain politique, les capitalistes ont le gouvernement de leur côté. Leur possession et domination de l'industrie reposent sur leur possession du pouvoir politique, par l'intermédiaire de leurs partis, et, tant qu'il en sera ainsi, le but du gouvernement sera de préserver le monopole capitaliste des moyens de production. C'est pourquoi tous les gouvernements finissent par se mettre du côté des employeurs, en protégeant leur propriété, en déclarant des états d'urgence, en utilisant l'armée pour briser les grèves, en gelant les salaires, en faisant passer des lois anti-syndicales. C'est aussi pourquoi les salariés doivent s'organiser politiquement en un parti socialiste dont la politique est fondée sur la reconnaissance de cette lutte, et de son caractère inconciliable.

Le capitalisme est la cause des problèmes sociaux qui accablent les salariés aujourd'hui. Sous le régime capitaliste, les salariés sont pauvres, dans le sens le plus strict du terme, c'est-à-dire qu'il leur manque les moyens de s'offrir ce qui se fait de mieux. Par « pauvre », nous n'entendons pas « dénué de tout », ce qui est simplement une forme extrême de pauvreté. Certainement, tant que le capitalisme durera, il y aura une minorité non négligeable de gens qui ne pourront pas suivre et qui, de ce fait, tomberont dans le dénuement et devront être entretenus par l'assistance publique. La masse de salariés échappe à cela, du moins quand ils travaillent, parce que quelqu'un qui ne mange pas régulièrement ne travaille pas bien. C'est pourquoi les salaires sont généralement suffisants pour permettre à un salarié de se maintenir en état de travailler.

Quelques instants de réflexion nous montreront comment le capitalisme, non seulement fait en sorte que les salariés restent pauvres, mais a besoin qu'ils soient pauvres. S'ils pouvaient gagner leur vie sans devoir vendre leur énergie physique et mentale aux capitalistes, alors le système ne pourrait plus fonctionner, car qui ferait le travail?

On dit souvent qu'il y a, par exemple, une crise du logement. mais il n'existe pas de tel problème. II n'y a pas de raison pour qu'on ne bâtisse pas de bonnes maisons pour tout le monde. Les matériaux existent, de même que les ouvriers du bâtiment et les architectes. Alors, qu'est-ce qui s'y oppose ? Le simple fait qu'il n'y a pas de marché pour de bonnes maisons, puisque la plupart des gens ne peuvent pas s'en offrir et ne le pourront jamais, à cause des restrictions du système du salariat. Donc, ce qu'on appelle le problème du logement n'est en réalité qu'un aspect du problème de la pauvreté, ou, ce qui revient au même, du problème du monopole de classe des moyens de production. II en va de même pour les autres besoins vitaux: l'habillement, l'éducation, le transport et les distractions. Là encore, dans un monde d'abondance potentielle, la consommation des salariés est restreinte au montant de leur feuille de paie.

Le capitalisme ne peut produire pour satisfaire les besoins humains, puisque la production doit toujours s'orienter en vue de fournir des bénéfices. Cela signifie que la production est restreinte à ce que les gens peuvent s'offrir. Mais ce que les gens peuvent s'offrir et ce dont ils ont besoin pour bien vivre sont deux choses très différentes, de sorte que le système de profit agit comme une entrave à la production et comme un empêchement à une société d'abondance. II est également responsable des hauts et bas périodiques de la production, connus sous le nom de cycle économique.

Une chose devrait maintenant être claire au sujet du capitalisme: on ne peut jamais le faire fonctionner dans l'intérêt des salariés. II est fondé sur leur privation et leur exploitation, et ne peut marcher que dans l'intérêt de la classe possédante privilégiée. La reconnaissance de ce fait est l'un des principes socialistes de base. On peut le résumer par cette phrase: « Le capitalisme ne peut être réformé » (du moins pas dans l'intérêt des salariés). Comprenez cela, et vous saisissez immédiatement combien il est futile d'essayer d'aménager le capitalisme en s'attaquant à chaque problème séparément.

Pour résoudre leurs problèmes, les salariés doivent abolir le capitalisme et le remplacer par le socialisme. Cela impliquera une révolution sociale amenant une transformation totale dans les bases de la société, pour passer de la possession de classe à la possession commune des moyens de production. Quand la société possédera et organisera démocratiquement les moyens d'existence, les hommes et les femmes pourront commencer à organiser la production pour satisfaire à leurs besoins. La production destinée uniquement à la satisfaction des besoins remplacera le principe anti-social de production pour le profit. Ce sera la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme et l'avènement d'un monde d'abondance.