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Le socialisme est le seul système au sein duquel les problèmes sociaux d'aujourd'hui peuvent être résolus. Mais quelle forme prendra ce système? Le socialisme est un système dans lequel les moyens de production et de distribution des richesses seront possédés par la société tout entière. Par contre, sous le régime capitaliste, la terre, les usines, les bureaux, les mines, les chemins de fer et autres instruments de production sont monopolisés par une seule partie de la société qui constitue par conséquent une classe privilégiée. Le socialisme mettra fin à cette situation car ce sera une société sans classes dans laquelle l'exploitation et l'oppression seront abolies puisque les moyens d'existence seront possédés par l'ensemble de la société. Tous les êtres humains seront socialement égaux et libres, libres de diriger les affaires sociales d'une façon démocratique.

II n'est pas possible de prévoir en détail la vie quotidienne au sein de la société socialiste. Quelques écrivains ont essayé de la dépeindre, mais le degré de leur réussite est discutable. II serait en effet prématuré de dresser un plan détaillé du socialisme, puisque ses formes exactes dépendront des conditions technologiques qui existeront et des préférences de ceux qui l'établiront et y vivront. Nous avons toujours refusé de jouer le jeu futile de dresser le plan d'une société future. Néanmoins, il est possible de définir en termes généraux les caractéristiques essentielles du socialisme.

Le socialisme ne peut être que démocratique. Autrefois, il était également connu sous le nom de « social-démocratie », expression qui montre clairement que l'organisation démocratique s'appliquerait à tous les aspects des affaires sociales, y compris la production et la distribution des richesses. II existe un vieux slogan socialiste qui dit que le « gouvernement des personnes » fera place à « l'administration des choses». Autrement dit, le pouvoir public de coercition et le gouvernement qui le dirige n'auront pas de place dans le socialisme.

L'Etat, organisation composée de soldats, de la police, déjuges et de gardiens de prison, chargés de faire observer les lois, n'a de raison d'être que dans une société de classes, car dans une telle société il n'y a pas d'intérêt commun, seulement des intérêts - et des conflits- de classe. Le but de tout gouvernement est de maintenir l'ordre dans l'intérêt de la classe dominante. L'Etat est en fait un instrument d'oppression de classe. Dans la société socialiste, il n'y aura ni classes ni conflits de classes. Fondamentalement, chacun aura le même intérêt social. II y aura une harmonie sociale authentique et une solidarité d'intérêts. Dans de telles conditions, il n'y aura aucun besoin de machine coercitive pour gouverner, ou régner sur la population. L'expression « gouvernement socialiste» est une contradiction dans les termes.

Là où le socialisme existe, il n'y a pas de gouvernement. Et là où il y a un gouvernement, le socialisme n'existe pas.

Ceux qui croient à tort que gouvernement et organisation ne sont qu'une seule et même chose auront du mal à imaginer une société sans gouvernement. Une société sans organisation serait impossible puisque le sens du terme « société » implique que des êtres humains s'organisent de façon à pourvoir à leurs besoins. Par contre, une société sans gouvernement est à la fois possible et souhaitable. Avec le socialisme, fondé sur la possession commune des moyens de production et de distribution, l'organisation démocratique s'étendra justement à tous les aspects de la vie sociale. II y aura une certaine centralisation administrative mais ce centre ne sera pas plus qu'un bureau chargé de coordonner les affaires sociales.

Mais ceux qui rempliront cette fonction ne formeront-ils pas une nouvelle classe dirigeante ? Toute organisation démocratique demande en effet que l'on délègue certaines fonctions à des groupes et à des individus. Dans le socialisme, ceux-ci seront chargés par la communauté d'organiser certaines activités sociales nécessaires. Choisis par la communauté, ils seront également tenus de lui rendre des comptes. Ces délégués ne seront pas pour autant en mesure de dominer. On ne les considérera pas comme des êtres supérieurs, mais comme des égaux qui font, comme tout le monde, un travail essentiel. Ils n'auront sous leurs ordres ni armée ni police pour faire exécuter leurs volontés. La corruption aura perdu sa raison d'être puisque tout le monde, ces délégués compris, pourra se servir dans le stock de richesses réservées à la consommation individuelle. Les conditions matérielles pour la formation d'une nouvelle classe dirigeante n'existeront donc pas.

Le but de la production socialiste sera tout simplement de satisfaire les besoins humains. Une production destinée uniquement à répondre à ces besoins remplacera la production marchande visant au profit. La production et la distribution de richesses suffisantes à satisfaire les besoins de la communauté socialiste, au niveau individuel et collectif, relèveront de l'organisation, Bien sûr. ce ne sera pas un problème facile à résoudre, mais les moyens de le résoudre ont été déjà créés par le capitalisme.

Grâce au capitalisme, la technologie et la productivité ont atteint un niveau qui permettrait de produire l'abondance pour tous. Une société d'abondance est technologiquement possible depuis longtemps et c'est ce qui constitue la base matérielle qui permettrait d'établir le socialisme. Le capitalisme, étant une société de classes dans laquelle la production vise à faire du profit et non à satisfaire les besoins humains, ne peut tirer pleinement parti du système mondial de production qu'il a édifié dans le courant des deux cents dernières années. Le socialisme qui aura changé le but de la production pourra, lui, tirer pleinement parti de ces méthodes avancées de production. Les hommes et les femmes produiront alors des richesses uniquement pour satisfaire leurs besoins et non pour enrichir quelques privilégiés.

Grâce à l'utilisation de techniques de prévision des demandes sociales, techniques à présent prostituées au service du capital, la société socialiste pourra calculer quelle quantité et quelles sortes de produits et de services seront nécessaires pendant une période donnée. Le capitalisme a développé, grâce à l'ordinateur et l'analyse input-output, des techniques que la société socialiste pourra utiliser pour planifier démocratiquement la production.

Une fois les richesses produites, mis à part ce qui sera nécessaire au renouvellement et au développement des moyens de production, tout le monde pourra prendre gratuitement et selon son choix individuel ce qui lui sera nécessaire pour vivre et pour mener une vie heureuse. C'est ce que l'on veut dire par « libre accès ». II n'y aura ni vente ni achat et, par conséquent, aucun besoin d'argent. Ce dont les communautés et les individus peuvent avoir besoin ne varie guère, sauf sur une longue période; ainsi, on pourra facilement faire en sorte que les magasins soient toujours bien pourvus de ce que les gens veulent. S'il devait y avoir des pénuries, elles ne seraient pas de longue durée. De plus, on s'assurera qu'il y a des réserves comme garantie contre des désastres naturels imprévus.

« De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins» est un principe socialiste qui remonte à loin et qui dit bien ce qu'il veut dire: hommes et femmes participeront de leur mieux et sans contrainte à la production sociale et prendront librement et gratuitement ce dont ils auront besoin dans l'abondance qu'ils auront produite ensemble.

Quand ils sont confrontés pour la première fois à l'idée de distribution libre basée sur les besoins, beaucoup de gens sont sceptiques. « Et les paresseux ? », « Et les égoïstes ? », « Qui fera le travail rebutant ? », « Qu'est-ce qui poussera les gens à travailler? ». Ces objections, les socialistes ne les connaissent que trop bien ! Mais il n'est pas tellement surprenant que des gens qui n'ont jamais réfléchi à la question trouvent l'idée du socialisme tout à fait extravagante et réagissent ainsi. II faut dire pourtant que toutes ces objections reposent sur la conception populaire, et soigneusement cultivée, de ce qu'est la nature humaine. Cette conception est pur préjugé et toutes les sciences biologiques et sociales, toutes les études anthropologiques montrent bien que la soi-disant nature humaine ne serait pas un obstacle à l'établissement du socialisme.

Pour l'être humain, le travail, ou la dépense d'énergie, est un impératif biologique et social. II doit travailler pour brûler l'énergie produite par l'alimentation et il doit aussi travailler pour se procurer nourriture, vêtements et habitation, essentiels à l'existence. Donc dans toute société, qu'elle soit féodale, capitaliste ou socialiste, hommes et femmes doivent travailler. La question est de décider comment ce travail doit être organisé. II faut certainement reprocher au capitalisme de réduire le travail, cette activité humaine si fondamentale, à la fastidieuse routine que connaissent la plupart des gens alors qu'il pourrait et devrait leur procurer tant de satisfactions. II en serait du moins ainsi dans une société socialiste.

L'idée que le travail pourrait être agréable fait souvent rire. Mais tout ce que montre cette réaction, c'est à quel point le capitalisme a dégradé la vie humaine. Dans le capitalisme, une si grande partie du travail se fait au service d'un employeur que la plupart des gens associent, sans y penser, travail et emploi. Le travail que l'on fait pour un employeur est toujours avilissant, souvent ennuyeux, désagréable et quelquefois malsain et dangereux. Mais dans la société capitaliste, tout le travail tel que nous l'avons défini, n'est pas effectué dans le cadre de l'emploi. Hommes et femmes travaillent quand ils nettoient leur voiture, font du jardinage, ou s'adonnent à leur passe-temps... et ils y trouvent du plaisir en même temps. L'association fallacieuse travail/emploi est si étroite que beaucoup ne considéreraient pas ces activités comme du travail. Ce qui est agréable, pensent-ils, ne peut pas, par définition, être du travail !

II n'y a aucune raison pour que l'activité de produire et de distribuer les choses utiles ne soit aussi agréable que les activités que nous poursuivons lors de nos loisirs. On peut améliorer énormément les conditions dans lesquelles le travail s'effectue. II en est de même pour les relations 'entre les gens au travail. Dans la société socialiste, les hommes et les femmes, en tant que membres libres et égaux d'une communauté, n'auront pas à vendre leur énergie mentale et physique à un employeur en échange d'un salaire. Ce système du salariat avilissant sera aboli, de sorte que l'emploi n'existera plus. Au lieu de cela, le travail sera effectué par des hommes et des femmes libres qui coopéreront et détermineront leurs conditions de travail, tout en trouvant du plaisir à créer des objets utiles et à effectuer des travaux socialement nécessaires.

On n'aura pas besoin non plus, comme c'est le cas à présent (parce que cela ne coûte pas cher et que c'est donc profitable pour les employeurs capitalistes) de continuer à utiliser des opérations industrielles nocives ou dangereuses pour ceux qui y prennent part. De toute manière, puisqu'on aura pour principe directeur les besoins et les satisfactions des individus, personne ne sera attaché à un seul métier pour toute la vie. Les hommes et les femmes connaîtront enfin le plaisir de découvrir et d'exercer leurs divers talents sans aucune restriction.

Disons, pour terminer, que le socialisme ne peut être que mondial parce que le système de production édifié par le capitalisme et qui sera repris par le socialisme est déjà international. II n'y aura pas de frontières et les gens pourront voyager librement n'importe où dans le monde. Le socialisme mettra fin à toute oppression nationale - et d'ailleurs aux nations elles-mêmes, dans leur sens politique actuel - et à toute discrimination d'ordre racial ou sexuel. Tous les habitants du monde, où qu'ils vivent, quelle que soit la couleur de leur peau, quelle que soit la langue qu'ils parlent, seront réellement membres d'une seule grande famille humaine. Le socialisme permettra enfin la réalisation de ce rêve de toujours d'une Fraternité Humaine.